Intelligence artificielle : la France et la Chine veulent unir leurs forces

octobre 19, 2018

Ressource : https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/0600004824043-intelligence-artificielle-la-france-et-la-chine-veulent-unir-leurs-forces-2215353.php

Après la santé ou l’agroalimentaire, la France veut faire de l’IA un nouveau champ de coopération avec la Chine. Cette dernière pourrait investir davantage en France, mais pour l’heure, les flux vont davantage de l’Europe vers la Chine.

Na Tian, 30 ans, est arrivé ces derniers jours à Paris en provenance de Chine, avec un agenda très chargé. Conférence « France is AI » à Station F, l’incubateur de Xavier Niel, rencontres avec des investisseurs potentiels… Le jeune patron, co-fondateur d’une app qui utilise l’intelligence artificielle (IA) pour aider les Chinois à mieux apprendre l’anglais, a déjà levé l’équivalent de 1,5 million d’euros depuis sa création, fin 2016. Ce diplômé du MIT et de Tsinghua, l’université qui forme les élites chinoises à Pékin, cherche désormais 4 millions d’euros supplémentaires. Il prospecte tous azimuts, y compris à Paris.

« La Chine dispose d’une énorme quantité de données et la taille de son marché est immense. La France, elle, excelle dans la recherche sur l’intelligence artificielle et les mathématiques », explique Na Tian. Son algorithme détecte les erreurs de prononciation, ou de grammaire, que font ses 100.000 « étudiants » apprenant la langue de Shakespeare, et les avertit automatiquement.

Après le nucléaire, ou plus récemment, l’agroalimentaire et la santé, Paris espère faire de l’IA un nouveau champ de coopération avec la Chine. Emmanuel Macron, lors de sa visite dans la deuxième économie mondiale  début janvier, en avait fait l’une de ses priorités. L’Université Sorbonne Paris Cité, qui regroupe plusieurs facultés et organismes de recherche, avait alors signé une lettre d’intention avec un consortiumd’universités chinoises mené par Tsinghua afin de développer des projets dans ce domaine.

fédérer les forces de l’IA en France et en Allemagne.

Car en matière d’IA, Pékin veut créer ses propres mastodontes, comme  SenseTime ou iFlytek, l’une des 50 entreprises les plus « smart » selon le MIT.  En 2017, la Chine s’est dotée pour cela d’un plan qui court jusqu’en 2030. A cette échéance, le pays doit être « le premier centre d’innovation au monde pour l’IA » avec une industrie locale pesant 148 milliards de dollars.

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Guerre des cerveaux

Pour y arriver, la Chine a déjà recruté des stars internationales de l’IA, surtout aux Etats-Unis. « Nous sommes encore en retard dans la recherche scientifique et la formation des talents », concède d’ailleurs Gao Yuanyuan, ministre conseiller de l’ambassade de Chine à Paris. Pour obtenir la matière grise, les entreprises chinoises vont-elles maintenant investir en France dans le secteur de l’IA ? « C’est sûr, ça va venir », estime Denis Barrier, PDG du fonds Cathay Innovation.

Pour le moment, cependant, les flux d’investissements sont plutôt en sens inverse, de l’Europe vers la Chine. Cathay Innovation a par exemple investi dans Momenta, une start-up chinoise spécialisée dans la voiture autonome. Après un autre tour de table, l’entreprise née en 2016 est devenue la semaine dernière la première « licorne » chinoise du secteur, avec une valorisation de plus d’un milliard de dollars.