Mingpo Cai, 47 ans, est à la tête de Cathay Capital, un important fonds d’investissement franco-chinois, basé à Paris, qui aide les sociétés à se développer à l’international. Il était reçu, vendredi, à la mairie d’Orléans, pour fêter le premier anniversaire de « French Dream », qui soutient des lycéens de La Source.
D’où vient votre passion pour Orléans ? C’est ici que j’ai fait mes premiers pas. J’étais étudiant en fac d’économie. C’est ici que j’ai appris le français, que j’ai ressenti la France. Que j’ai rencontré, au restaurant chinois où je travaillais le week-end, à Orléans, des Français accueillants, tolérants, comme Monique et Roland Martin, comme Odile et Emmanuel Duhem. Ils m’invitaient, me faisaient découvrir les châteaux de la Loire. C’est ici que sont nés mes enfants, Victor, 18 ans, Tony, 15 ans et William, 8 ans. J’y ai créé ma première entreprise, Stonest, en 1998. Orléans est le terreau qui m’a bonifié !
Stonest fabrique des monuments funéraires. Pourquoi ce secteur ? La région de Chine dont je suis originaire, Fujian, est très pauvre en ressources naturelles, sauf en granit. Le secteur funéraire était délaissé. Nous y avons apporté beaucoup de services. 20 ans plus tard, l’équipe de Stonest, dont je suis propriétaire, est toujours fidèle. Le premier cariste, par exemple, est devenu responsable logistique. On dit que les Français sont fainéants mais ce n’est pas vrai !
Pourquoi avoir créé Cathay Capital ? J’ai créé ce fonds pour aider les entreprises à mieux réussir en Chine. En tant que responsable de Seb en Chine, j’ai pu voir qu’il n’y avait pas suffisamment de sociétés françaises, et qu’inversement, les Chinois étaient perdus en Europe. Cathay capital est devenu une société d’investissement de premier plan, avec 1,3 milliard d’euros investis dans 55 entreprises, dont beaucoup sont françaises. Cathay emploie 60 personnes dans six bureaux. Beaucoup de grands industriels français y investissent. Ainsi que Bpifrance.
Quels secteurs privilégiez-vous ? Tous les secteurs, et beaucoup la santé. Il faut que l’entrepreneur ait un bon esprit, qu’il réponde à un besoin non satisfait. Nous investissons entre 5 et 50 millions par entreprise.
Et votre fonds d’innovation, qui aide-t-il ? Des start-up, comme Drivy, plate-forme de location de véhicules entre particuliers. Nous intervenons pour les aider à s’internationaliser.
Vous venez de recruter Bruno Bézard, ancien directeur du Trésor, dans quel objectif ? Il va continuer à apprendre aux sociétés françaises de taille intermédiaire à mieux réussir en Asie. Ce haut fonctionnaire avait plein de possibilité ailleurs ! C’est une fierté française ! Nous investissons entre 150 à 200 millions par an en France. Au total, toutes les entreprises dans lesquels nous avons investi représentent 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 25.000 emplois.
Ce départ a créé une polémique car votre fonds américain est immatriculé aux îles Caïman. Ce n’est pas un sujet ! C’est comme cela que ça fonctionne aux États-Unis.
Quel est votre regard sur l’économie française, européenne ? L’Europe souffre d’une crise financière mais pas économique. La France est un pays formidable, avec des PME exceptionnelles. Les entrepreneurs sont comme des athlètes de haut niveau. Parfois, ils s’arrêtent au moment de sauter. Nous les aidons à ne pas avoir de complexe. Les fondamentaux sont sains. Il y a un vrai savoir-faire, un marché, de la créativité. Une population qui travaille, surtout en province. Stonest en est la preuve.
Quels sont les avantages et les inconvénients à aller en Chine ? La croissance chinoise est ralentie, mais le marché reste colossal. Et la croissance est portée par les 200 millions de jeunes nés après 1980 qui font fonctionner la nouvelle économie. S’installer en Chine aujourd’hui est une opportunité ! D’ailleurs, après avoir habité à New York, j’emménage à Shangaï.
Pourquoi aider les lycéens de Paul-Gauguin, à Orléans La Source ? « Quand tu bois de l’eau, n’oublie jamais la main qui a creusé le puits ! » Au moment des attentats de Charlie Hebdo, mon fils aîné travaillait pour une fondation, à New York, aidant des lycéens immigrés à aller jusqu’à l’université. Il m’a suggéré de faire la même chose en France. Nous avons trouvé neuf mentors pour neuf lycéens de La Source. À La Source, où j’ai habité, dans la résidence Fougère, il y avait toutes sortes de nationalités et cela se passait bien. Je voulais aussi montrer l’exemple.
Accréditation de Cathay capital par l’Autorité des marchés financiers, AMF.
Création de Cathay Capital I (67 millions d’euros).
Cathay Capital II (187 M€) et fonds PME franco-chinois (150 M€).
Fonds franco-chinois de 500 M€ pour entreprise de taille moyenne.
Fonds US-Chine de 350 millions de dollars. Fonds Cathay Innovation de 250 M€.
Fonds Cathay III de 250 M€.
Cathay capital est installé à Shanghai, Pékin, New-York, Paris, Munich et San Francisco. Partenaires : Caisse des dépôts et China Development Bank.
Des investissements dans la Loirétaine ATI (fours crématoires), mais aussi, en France : Yves Delorme, Mauboussin, Follow analytics, Juratoys, Surys, CEBTP…
Carole Tribout